Biodiversité et climat, ce que disent les scientifiques ?
Pendant les vacances j’ai lu le fameux rapport coproduit par le GIEC et l’IPBES. Oui celui souvent cité quand on tente de parler des 2 sujets en même temps.
Ce rapport sorti en juin 2021, est en réalité la synthèse scientifique d’un workshop mais il a été relu par ses pairs. Il vise à résumer ❝ l’état émergent des connaissances sur le changement climatique et la biodiversité dans le but d’éclairer la prise de décision et de mettre en évidence les possibilités d’action. ❞
Et cela commence par la phrase peut-être la plus importante qui devrait poser question à ceux qui parlent de systémique dans le but de ralentir l’action :
❝ Le changement climatique et la perte de biodiversité sont deux des problèmes les plus cruciaux de l’Anthropocène. ❞
Avec un troisième point important, l’humain : ❝ Un système naturel qui fonctionne bien et un climat habitable sont les fondements d’une bonne qualité de vie. ❞
La synthèse
Et c’est donc là que ❝ le workshop conjoint de l’IPBES et du GIEC s’est attaché à explorer ces liens complexes et multiples entre le climat et la biodiversité. ❞ avec une synthèse en 41 points dans laquelle je vais piocher les points qui me semblent pertinents de noter (en gardant le numéro) :
◾️ D’abord les connexions :
1. Une société durable nécessite à la fois un climat stabilisé et des écosystèmes sains.
2. Le renforcement mutuel du changement climatique et de la perte de biodiversité signifie qu’une résolution satisfaisante de l’une de ces questions nécessite la prise en compte de l’autre.
3. Les politiques qui abordent simultanément les synergies entre l’atténuation de la perte de biodiversité et le changement climatique, tout en tenant compte de leurs impacts sociétaux, offrent la possibilité de maximiser les co-bénéfices et d’aider à répondre aux aspirations de développement de tous.
4. À mesure que le changement climatique progresse, la distribution, le fonctionnement et les interactions des organismes, et donc des écosystèmes, sont de plus en plus modifiés
8. Un nouveau paradigme de conservation permettrait d’atteindre les objectifs simultanés d’un climat habitable, d’une biodiversité autosuffisante et d’une bonne qualité de vie pour tous.
◾️ Puis les co-bénéfices :
11. La mise en œuvre de solutions fondées sur la nature crée également des co-bénéfices pour l’adaptation au changement climatique, pour la nature et ses contributions à l’homme.
15. La création d’infrastructures vertes dans les villes est de plus en plus utilisée pour l’adaptation au changement climatique et la restauration de la biodiversité, avec des effets bénéfiques sur l’atténuation du changement climatique.
16. Dans les systèmes terrestres et marins, il est possible de combiner des mesures fondées sur la nature et sur la technologie pour atténuer le changement climatique et s’y adapter, tout en contribuant à la biodiversité.
◾️Mais il existe des points négatifs
20. Les mesures basées sur la technologie qui sont efficaces pour atténuer le changement climatique peuvent constituer de sérieuses menaces pour la biodiversité. Elles devraient être évaluées en fonction de leurs avantages et de leurs risques globaux.
21. Les mesures techniques et technologiques étroitement axées sur l’adaptation au climat peuvent avoir d’importantes répercussions négatives sur la nature et les contributions de la nature à l’homme, mais elles peuvent également être complémentaires des solutions fondées sur la nature.
22. Les mesures destinées à faciliter l’adaptation à un aspect du changement climatique sans prendre en compte d’autres aspects de la durabilité peuvent, dans la pratique, être inadaptées et entraîner des conséquences néfastes imprévues. [penser à la flexibilité de la solution]
◾️Solutions pour la biodiversité bénéfiques pour le climat
27. Les actions de conservation de la biodiversité prises au niveau local peuvent être encouragées, guidées et hiérarchisées en fonction d’objectifs et de cibles globaux, tels que les bénéfices pour le climat. Chaque initiative locale est importante, car les avantages de nombreuses petites mesures locales en faveur de la biodiversité s’accumulent au niveau mondial.
28. L’évolution de la consommation par habitant, le changement de régime alimentaire et les progrès en matière d’exploitation durable des ressources naturelles, y compris la réduction des déchets post-récolte, pourraient contribuer de manière substantielle à la résolution de la crise de la biodiversité, à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation à celui-ci
◾️Climat + Biodiversité + Humain = Solution
30. La prise en compte explicite des interactions entre la biodiversité, le climat et la société dans les décisions politiques offre des possibilités de maximiser les co-bénéfices et de minimiser les compromis et les effets co-détrimentaux (mutuellement nuisibles) pour l’homme et la nature.
31. Sous l’effet de la perte de biodiversité et du changement climatique, des seuils cruciaux (difficilement réversibles ou irréversibles) (points de basculement) peuvent être dépassés avec des conséquences désastreuses pour l’homme et la nature, mais des interventions sociales positives de basculement peuvent aider à atteindre des interactions biodiversité-climat souhaitables.
34. En présence de compromis importants et apparemment inévitables dans le cadre du lien entre la biodiversité et la société climatique, la promotion d’interventions de basculement social visant à modifier les modes d’interaction entre la société et la nature peut constituer une solution conjointe viable. [par exemple passer du PIB à l’indice de développement humain]
Une forme de conclusion :
Il y a des interactions à comprendre :
❝ La reconnaissance des interactions entre les objectifs en matière de climat, de biodiversité et de qualité de vie pour tous, peut aider à identifier les solutions qui offrent les meilleurs co-bénéfices à la fois pour le climat et la biodiversité, y compris les solutions fondées sur la nature, ainsi qu’une sensibilisation accrue aux risques de compromis qui devront être gérés. ❞
La flexibilité doit être inhérente à la solution :
❝ Pour éviter les réponses mal adaptées, les décisions qui suivent une procédure itérative et flexible tenant compte de la complexité et de la dynamique de pouvoir inégale entre les acteurs et les échelles sont susceptibles d’être plus fructueuses. Cela plaide en faveur d’approches de la perte de biodiversité et de l’adaptation au climat qui mettent fortement l’accent sur la gestion des risques et la capacité d’évoluer dans le temps. ❞
Biodiversité -> climat, c’est simple | Climat -> Biodiversité, c’est à bien concevoir :
❝ La plupart des actions en faveur de la biodiversité ont des effets positifs sur les actions en faveur du climat et peuvent être considérées comme des co-bénéfices. Toutefois, de nombreuses mesures d’atténuation du changement climatique, en particulier dans le secteur de l’énergie, soulèvent des inquiétudes et des risques pour les actions en faveur de la biodiversité, qu’il convient d’anticiper et de bien gérer. […] certains inconvénients peuvent être gérés grâce à des mesures bien conçues. ❞
▶️ En une phrase :
❝ Le climat et la biodiversité sont inextricablement liés l’un à l’autre et à l’avenir de l’humanité. ❞
A lire au complet par ici ➜ https://www.ipbes.net/events/ipbes-ipcc-co-sponsored-workshop-biodiversity-and-climate-change