Les définitions du carbone
Je suis parti (et j’ai depuis bien amélioré) d’un guide sur le carbone qui démystifie tout le jargon qui entoure cet élément. Il explique ce qu’il est, décrit comment il contribue au changement climatique et présente des moyens de s’attaquer au problème.
Ce guide, qui fait partie d’une série de guides Dezeen, dans le cadre de la série d’articles sur la révolution du carbone :
https://www.dezeen.com/2021/06/14/carbon-guide/ rédigé par Marcus Fairs
NOTA : c’est une traduction très libre et parfois très adaptée.
1 — Le Carbone ◼️ 2 — Le cycle du carbone
3 — Les puits carbone ◼️ 4 — Les sources de carbone
5 — Le dioxide de carbone ◼️ 6 — Le (dioxide de) Carbone equivalent (CO₂e)
7 — Les émissions (anthropiques) carbone (+Anthropocène) ◼️ 8 — Le carbone atmosphérique
9 — Budget Carbone ◼️ 10 — L’empreinte carbone (bilan)
11 — L’analyse de cycle de vie (ACV) ◼️ 12 — La compensation Carbone (contribution)
13 — Le marché du Carbone ◼️ 14 — La neutralité Carbone ou Net Zéro
15 — Négativité et positivité du carbone ◼️ 16 — Le carbone gris ou Carbone des matériaux (Embodied carbon)
17 — Le carbone de l’énergie (Operational carbon) ◼️ 18 — La capture de Carbone
19 — La séquestration Carbone ◼️ 20 — La minéralisation du Carbone
21 — L’utilisation du carbone ◼️ 22 — Carbone Bleu
23 — AFOLU + LULUCF
1 — Le carbone
Le carbone est un élément solide, non métallique. Il est souvent décrit comme le “roi des éléments” en raison de sa polyvalence et de son importance. Essentiel à la vie, il est le quatrième élément le plus abondant dans l’univers (après l’hydrogène, l’hélium et l’oxygène).
Le carbone constitue environ la moitié de la masse sèche de tous les arbres et plantes. Il est le deuxième élément le plus abondant dans le corps humain après l’oxygène, représentant environ 18,5 % de la masse corporelle humaine et un pourcentage similaire de toutes les créatures vivantes.
On estime qu’il y a 1,85 milliard de milliards de tonnes de carbone sur terre. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de ce carbone est stocké dans le noyau et le manteau de la Terre. Seuls 0,2 % (soit environ 43 500 milliards de tonnes) se trouvent dans des puits de carbone visibles tels que l’air, le sol, les océans, les plantes et les animaux.
Le carbone est un élément extrêmement polyvalent dont les atomes peuvent se lier entre eux de nombreuses façons pour former des formes physiques de carbone pur, ou allotropes, notamment le diamant, le graphite, le charbon de bois (image du haut) et le graphène.
Les atomes de carbone peuvent également se lier à des atomes d’autres éléments pour former une gamme étonnante de composés chimiques tels que le dioxyde de carbone, le carbonate de calcium, les glucides (y compris les sucres : le sucre de table est composé à 40 % de carbone) et les hydrocarbures.
Plus de dix millions de composés du carbone ont été identifiés à ce jour et on pense qu’il en reste encore plusieurs millions à découvrir.
Par simplification et/ou métonymie, on utilise très souvent le carbone en lieu et place d’une grande partie des définitions suivantes.
Carbone noir (Black Carbon, BC) : Forme relativement pure de carbone, également appelée suie, résultant de la combustion incomplète de combustibles fossiles, de biocarburants et de biomasse. Il ne reste dans l’atmosphère que pendant des jours ou des semaines. Le BC est un agent de forçage du climat ayant un fort effet de réchauffement, tant dans l’atmosphère que lorsqu’il se dépose sur la neige ou la glace.
2 — Le cycle du carbone
Alors que la quantité totale de carbone sur terre ne change pas, l’élément circule sans cesse entre la terre, la mer et le ciel. Ce cycle du carbone, ainsi que les cycles similaires de l’eau et de l’azote, est un élément clé de la raison pour laquelle la vie est maintenue sur terre.
Les plantes et les animaux absorbent ou mangent du carbone, et le libèrent à nouveau lorsqu’ils meurent. Parfois, ce carbone se retrouve dans l’atmosphère, parfois il s’accumule sur terre (dans les roches sédimentaires ou et c’est important, dans les gisements fossiles, par exemple) ou se dissout dans l’océan.
De là, il est à nouveau recyclé par l’érosion, la sédimentation, les formes de vie et — surtout depuis la révolution industrielle — l’activité humaine, notamment par la combustion de combustibles fossiles, qui transfère dans l’atmosphère le carbone autrefois contenu dans les êtres vivants et les plantes. Cette activité perturbe le cycle naturel du carbone.
Pour bien repréciser, le réchauffement climatique est d’origine anthropique c’est un des consensus du GIEC.
3 — Les puits carbone
Les puits de carbone sont de grands stocks de carbone sur la terre qui séquestrent plus de carbone atmosphérique qu’ils n’en émettent. Les principaux puits de carbone actifs sont les organismes (vivants et morts), le sol, les océans et l’atmosphère. Ensemble, ils sont capables d’absorber environ la moitié de toutes les émissions de carbone d’origine humaine.
Les anciens puits de carbone qui ne séquestrent plus activement le carbone comprennent les réserves de combustibles fossiles et les dépôts sédimentaires de carbonate de calcium tels que le calcaire et la craie.
4 — Les sources de carbone
Les sources de carbone sont l’inverse des puits de carbone, produisant une augmentation nette du dioxyde de carbone atmosphérique. L’homme par son activité produit du carbone, il s’agit notamment de l’industrie, de l’environnement bâti (qui représente environ 40 % de toutes les émissions), de l’agriculture à la fois via les méthodes mais aussi par les changement d’état des sols. Passer une surface de foret en surface agricole relargage le carbone séquestré (sols et arbres) dans l’atmosphère. À noter qu’il y a aussi des sources de carbone qui ne sont pas liées à l’activité humaine comme les incendies de forêt et les volcans.
Voir le texte de Bonpote sur le forçage radiatif
5 — Le dioxide de carbone
Lorsqu’un seul atome de carbone se lie à deux atomes d’oxygène, des molécules de gaz carbonique se forment. Il s’agit d’une réaction chimique naturelle qui se produit, par exemple, lors de la combustion d’hydrocarbures, lorsque les cellules métabolisent les glucides en énergie et lorsque les organismes vivants se décomposent.
Le dioxyde de carbone joue un rôle important dans la régulation du climat de la Terre. Comme les autres gaz à effet de serre (GES, voir le chapitre suivant), ils laissent entrer une grosse partie du rayonnement solaire, et retiennent une partie du rayonnement infrarouge réémis par le sol. La différence entre la puissance reçue du Soleil et la puissance émise sous forme de rayonnement est appelée forçage radiatif. Sans le CO₂ et les autres gaz à effet de serre, la planète serait trop froide pour accueillir la vie.
Il existe une corrélation entre température et concentration de CO₂ cumulé.
❞Le CO₂ atmosphérique augmente à un rythme sans précédent. Les conséquences sont profondes pour les températures, les climats, les écosystèmes et les espèces de la planète, tant sur terre que dans les océans. Pour savoir si l’augmentation rapide du CO₂ atmosphérique ralentit ou s’accélère, il suffit d’observer le virage de la courbe de Keeling.
Voir par ici https://www.CO₂.earth/CO₂-acceleration et https://grid.is/@g.meunier/CO₂-concentration-calculator-HKzszhqNS1asB2nu56I62g
Les molécules de dioxyde de carbone en suspension dans l’air finissent par retourner sur terre dans le cadre du cycle du carbone, mais il s’agit d’un processus graduel qui prend beaucoup de temps. Pour une tonne de CO₂ émise aujourd’hui, 40 % seront encore dans l’atmosphère dans 100 ans et 10 % y seront encore dans 10 000 ans.
Le dioxyde de carbone est le deuxième gaz à effet de serre le plus abondant après la vapeur d’eau qui, avec les nuages qu’elle forme, a un impact total sur le climat quatre fois plus important que le CO₂ mais sur une durée beaucoup plus courte (quelques jours).
Cependant, le dioxyde de carbone est universellement considéré comme la principale cause du réchauffement de la planète, en partie parce qu’il reste très longtemps dans l’atmosphère (jusqu’à 1 000 ans contre neuf jours pour la vapeur d’eau) et en partie parce qu’il est très abondant.
6 — Le (dioxide de) Carbone equivalent (CO₂e)
L’équivalent en dioxyde de carbone (CO₂e ou eq CO₂ ou CO₂eq) est une échelle qui permet de comparer les différents gaz à effet de serre en fonction de leur effet de réchauffement sur la terre.
Une tonne d’équivalent dioxyde de carbone d’un gaz donné a le même effet de réchauffement qu’une tonne de CO₂. Ce calcul s’effectue en étudiant le potentiel de réchauffement global (PRG) de chaque gaz (en anglais, global warming potential ou GWP), en tenant compte de la durée de sa présence dans l’atmosphère, et en le comparant au potentiel de réchauffement du CO₂, dont le PRG est de 1.
Le méthane (un autre gaz à base de carbone) a un PRG de 25, ce qui signifie qu’une tonne d’émissions de méthane a le même impact climatique que 25 tonnes de dioxyde de carbone. Le protoxyde d’azote a un PRG de 298. L’hydrofluorocarbone HFC-23, qui est utilisé comme réfrigérant et comme agent extincteur, a un PRP de 14 800. L’hexafluorure de soufre, utilisé comme isolant électrique, a un PRP de 22 800, le plus élevé de tous les gaz à effet de serre.
Lorsque l’on parle d’émissions de carbone ou d’émissions de dioxyde de carbone, il s’agit souvent d’un raccourci pour désigner les émissions équivalentes de dioxyde de carbone (voir ci-dessous).
7 — Les émissions (anthropiques de) carbone (+Anthropocène)
Les émissions anthropiques de carbone sont des rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère dus à l’activité humaine. Ce terme permet de mesurer la quantité de gaz à effet de serre ajoutée à l’atmosphère (qui perturbe le cycle du carbone) et, par extension, de calculer la quantité qui doit être éliminée pour stabiliser le climat.
NOTA : Anthropocène, nouvelle époque géologique proposée, résultant de changements significatifs de la structure et du fonctionnement du système terrestre, y compris du système climatique, provoqués par l’homme. On considère le milieu du XXe siècle comme la date de départ la plus appropriée (Steffen et al., 2016), bien que d’autres dates aient été proposées.
Le terme est trompeur car il est généralement utilisé comme synonyme d’émissions équivalentes de dioxyde de carbone (voir ci-dessus), qui couvre toutes les émissions de gaz à effet de serre. Mais comme le dioxyde de carbone est de loin le gaz à effet de serre le plus problématique et que les atomes de carbone constituent la majeure partie des émissions de CO₂, le carbone est devenu un synonyme de toutes les émissions à effet de serre.
Les émissions de carbone sont mesurées en tonnes métriques (équivalent à 1 000 kilogrammes). Une tonne métrique de CO₂ remplirait un ballon de 10 mètres de diamètre. En 2021, l’homme ajoutera environ 40 milliards de tonnes d’émissions dans l’atmosphère, selon l’Agence internationale de l’énergie. Si 40 milliards de ballons contenant chacun une tonne de CO₂ étaient empilés dans un cube, celui-ci mesurerait 342 kilomètres de côté.
Le protocole sur les gaz à effet de serre, qui établit des normes largement adoptées pour mesurer et gérer les émissions, divise les émissions de carbone en trois types selon la norme Scope 3. Les émissions de portée 1 sont des émissions directes provenant de sources sur lesquelles l’émetteur exerce un contrôle direct. Les émissions de portée 2 sont des émissions indirectes provenant de services que l’émetteur consomme, comme l’électricité et le chauffage. Les émissions de portée 3 sont toutes les autres émissions indirectes causées par un émetteur.
L’important dans cette segmentation dans le calcul carbone c’est de bien prendre en compte le scope 3.
8 — Le carbone atmospherique
Le dioxyde de carbone atmosphérique est le terme utilisé pour décrire la quantité totale de CO₂ dans l’atmosphère, en additionnant les émissions d’origine humaine et les concentrations naturelles.
La concentration de dioxyde de carbone atmosphérique augmente régulièrement depuis la révolution industrielle et s’est accélérée au cours des dernières décennies : la moitié de toutes les émissions des 300 dernières années ont eu lieu depuis 1980. Un quart a eu lieu depuis 2000.
En conséquence, le nombre de parties de carbone par million (PPM) dans l’atmosphère a augmenté de 50 %, passant de 280 à l’époque préindustrielle à 420 au 4 juin de cette année, selon le calculateur quotidien CO₂.Earth. (voir aussi « le dioxyde de carbone »)
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que nous devrons retirer de l’atmosphère entre 100 et 1 000 gigatonnes d’émissions d’ici à la fin du siècle afin de maintenir le réchauffement climatique en dessous des 1,5 degré fixés par l’accord de Paris de 2015.
9 — Budget Carbone
Le concept est important à comprendre.
Le carbone à l’échelle mondiale (puisque c’est bien ça le problème) se comporte comme un budget.
L’idée d’un « budget carbone » liant une quantité de réchauffement futur à une quantité totale d’émissions de CO₂ repose sur la relation forte entre les émissions cumulées et les températures dans les modèles climatiques.
Pour rester sous les 2°C, par exemple, on considère qu’il ne faut pas émettre plus de 800GtCO₂e.
Il faut imaginer que le carbone est comme un compte bancaire ou un gros tas de lingot d’or. Prenons l’exemple où nous avons 800GtCO₂e sur notre compte. Chaque année pour vivre nous dépensons environ 40 GtCO₂e, cela veut dire qu’il nous reste 20 ans de budget. Si nous stockons du carbone nous pouvons augmenter notre budget. Si nous réduisons nos dépenses annuelles nous pouvons vivre plus longtemps. C’est logique non ? Et il faut de toute façon faire les deux !
10 — L’empreinte carbone (bilan)
L’empreinte carbone est la quantité totale d’équivalent dioxyde de carbone émise directement et indirectement par un individu, une organisation, un produit, un bâtiment ou une activité. En calculant votre empreinte carbone (à l’aide d’un calculateur d’empreinte carbone ou en réalisant un bilan carbone, voir ci-dessous), vous pouvez prendre des mesures pour réduire, éliminer ou même annuler votre impact sur le climat.
Bilan carbone :
La plupart du temps c’est un terme générique non normalisé mais il existe la méthode Bilan Carbone®, développée par l’ADEME et actualisée par l’Association pour la transition Bas Carbone (ABC), qui est une méthodologie et des outils permettant à toute organisation de quantifier les émissions de gaz à effet de serre engendrées par ses activités, services et/ou produits.
Le chiffre à retenir c’est 10tCO₂e/Français.an et le chiffre à viser c’est 2tCO₂e/personne.an, car oui on peut calculer l’empreinte carbone pour tous les habitants de la planète, comparer l’américain à l’indien au chinois…bref c’est idéal.
Pourtant, ce concept est d’un côté controversé, car il fait porter la responsabilité des émissions non plus sur les grands émetteurs, tels que les compagnies d’énergie fossile, mais sur les utilisateurs finaux des produits et services générant des émissions, mais en même temps c’est cette seule valeur qui permet d’intégrer une trajectoire de neutralité carbone comme la SNBC.
Mon calculateur préféré est Nos Gestes Climat : https://nosgestesclimat.fr/simulateur/bilan
Attention, l’empreinte carbone est bien à calculer sur le périmètre global avec les importations (on parle en consommation) puisqu’il y une tendance à déporter nos émissions sans faire d’effort dans la globalité. Ainsi quand on parle de l’impact carbone de la Chine c’est en réalité notre impact dont nous parlons.
« C’est pourquoi, l’augmentation des importations contribue à la progression du niveau de l’empreinte. […] Les émissions importées représentent plus de la moitié de l’empreinte carbone de la France (57 % en 2018). »
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/empreinte-carbone-2?rubrique=27
et surtout ça : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lempreinte-carbone-des-francais-reste-stable
Pour aller plus loin que l’empreinte regardez l’ombre climatique
11 — L’analyse de cycle de vie (ACV)
L’analyse du cycle de vie (ACV) recense et quantifie, tout au long de la vie des produits, les flux physiques de matière et d’énergie associés aux activités humaines. Elle en évalue les impacts potentiels puis interprète les résultats obtenus en fonction de ses objectifs initiaux. Sa robustesse est fondée sur une double approche :
Une approche « cycle de vie », avec un inventaire des flux, du « berceau à la tombe » : extraction des matières premières énergétiques et non énergétiques nécessaires à la fabrication du produit, distribution, utilisation, collecte et élimination vers les filières de fin de vie ainsi que toutes les phases de transport.
Une approche « multicritère », sur plusieurs critères des flux entrants et sortants, par exemple, ceux des matières et de l’énergie.
Un outil normalisé (ISO) développée à partir de 1994. (ISO 14040, Principe et cadre & ISO 14044, Exigences et lignes directrices)
Et surtout parmi les indicateurs de sortie on retrouve les GES avec le kgCO₂e.
Dans le monde du bâtiment, l’ACV est devenu un outil standard réglementaire avec la RE2020 (voir la philosophie de la RE2020)
FDES / EPD, Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire selon la norme NF EN 15804+A1 (l’ancienne à partie de fin 2022) et NF EN 15804+A2 (à partir de 2023). Une EPD est l’équivalent international de la FDES, à savoir une Environmental Product Declaration (EPD) qui présente des informations transparentes, vérifiées et comparables sur l’impact environnemental des produits et services tout au long de leur cycle de vie.
INIES, Base nationale française de référence sur les impacts environnementaux et sanitaires des produits, équipements et services pour l’évaluation de la performance des ouvrages. Elle est gratuite et accessible à tous. http://www.inies.fr
Statique / dynamique :
Toutes les ACV en dehors de la RE2020 sont statiques (et donc on ne mentionne pas ce terme) car elles ne prennent pas en compte la temporalité des émissions dans leur calcul global, elles ne font que la somme des modules (de A à D). Une ACV dynamique (unique à la méthode RE2020), intègre la notion de temporalité des émissions dans le calcul du résultat de l’impact carbone d’une ACV. Cette méthode se surimpose aux valeurs des FDES dans le cadre de la méthode RE2020.
L’ACV, qu’elle soit dynamique ou pas
Comment dire n’importe quoi sur l’ACV dynamique
L’ACV dynamique n’est pas une dette
12 — La compensation Carbone (contribution)
La compensation des émissions de carbone est un concept conçu pour permettre aux particuliers et aux organisations de neutraliser leurs émissions de gaz à effet de serre en adhérant à des programmes de compensation de ces émissions.
Contribution :
Plutôt que de chercher à compenser, ce qui pourrait laisser penser que l’on masque les émissions pour afficher un « zéro magique », il est préférable de viser une action de « contribution » à la neutralité des territoires. On peut ainsi parler de manière plus évidente de contribution, voir le référentiel NZI (Net Zero Initiative)
Il existe de nombreux systèmes de compensation. Nombre d’entre eux sont volontaires et permettent aux entreprises et aux particuliers de compenser une partie ou la totalité de leurs émissions par le biais de diverses méthodes, notamment le boisement, la déforestation évitée, le développement des énergies renouvelables et la capture du carbone atmosphérique et d’autres gaz à effet de serre.
Toutefois, l’efficacité des systèmes de compensation varie. Plutôt que d’inverser les émissions, nombre d’entre eux se contentent de les différer ou de les déplacer. Par exemple, la compensation par l’investissement dans un nouveau programme d’énergie renouvelable peut entraîner une réduction des émissions de combustibles fossiles à l’avenir, mais ne fera rien pour annuler les émissions produites aujourd’hui, puisque ce carbone est déjà dans l’atmosphère, contribuant au réchauffement de la planète aujourd’hui et pour les quelques centaines d’années à venir (voir ci-dessus).
La compensation du carbone est mesurée en équivalent dioxyde de carbone (voir ci-dessus) et surtout, elle est de fait dans le cadre de la production d’énergie renouvelable dans un bâtiment (voir RE2020).
Déjà la première règle c’est de réduire ses émissions, ensuite, même si le sujet du carbone est mondial, la compensation devrait idéalement se faire dans le même périmètre « physique » et « géographique » c’est-à-dire qu’une compensation d’une émission d’un bâtiment devrait se faire sur le périmètre d’un autre bâtiment et si possible pas forcément trop loin.
Les Oxford Principles for Net Zero Aligned Carbon Offsetting constituent un guide utile pour les approches de compensation qui s’alignent sur le concept d’émissions nettes zéro (voir ci-dessous).
La compensation peut vite faire l’objet de greenwashing donc attention. Le but c’est de passer à de la compensation à de la contribution mais là encore on peut vite tomber dans la COM et non dans l’action. D’où l’idée de d’abord réduire pour ensuite compenser le relicat.
Si vous voulez prolonger c’est par ici :
Compensation carbone volontaire, 5 règles de bonnes pratiques préconisées par l’ADEME
https://bonpote.com/compensation-carbone-et-treewashing-jonathan-guyot/
13 — Le marché du Carbone
Le marché du carbone est un système qui permet aux pollueurs d’acheter et de vendre des crédits pour leurs émissions. Il transforme les émissions de carbone en une marchandise et permet aux pays, entreprises et organisations qui n’utilisent pas toutes leurs émissions autorisées de les vendre à d’autres qui ont dépassé leurs allocations.
Ces systèmes reposent sur l’existence d’une quantité convenue et limitée d’émissions autorisées dans un pays ou une région donnée. Le concept a été établi dans le cadre du protocole de Kyoto de 1997, en attribuant aux pays signataires du traité sur le climat des quotas d’émissions pouvant être commercialisés.
Le marché du carbone ne réduit pas le dioxyde de carbone atmosphérique. Il vise plutôt à réguler la quantité de nouvelles émissions de carbone.
Le système d’échange de quotas d’émission le plus important et le plus sophistiqué est celui de l’Union européenne. Il s’agit d’un cadre juridiquement contraignant qui oblige les entreprises à limiter leurs émissions dans le cadre de la politique européenne de lutte contre le changement climatique. L’idée est que le total des émissions autorisées diminue au fil du temps, l’objectif étant de parvenir à la neutralité carbone dans l’ensemble de l’UE d’ici à 2050.
Dans le cadre de ce système, les entreprises polluantes peuvent acheter des droits pour continuer à produire des émissions via un système de “plafonnement et d’échange”. Le système couvre actuellement 40 % des émissions de l’UE et pourrait bientôt être étendu aux bâtiments et aux transports routiers, qui constituent une source importante d’émissions actuellement exclues du système de plafonnement et d’échange de l’UE.
14 — La neutralité Carbone ou Net Zéro
La neutralité carbone est atteinte lorsqu’aucun équivalent de dioxyde de carbone supplémentaire n’est ajouté à l’atmosphère par une entité telle qu’un individu, une entreprise, un bâtiment ou un pays. Cela peut impliquer l’élimination des émissions en premier lieu, l’annulation des émissions par la compensation, ou une combinaison des deux.
La neutralité carbone est définie par la norme PAS 2060, reconnue au niveau international, mais on y voit bien ce qu’on veut y mettre.
Du coup on parle plus de net zéro.
Dans son lexique, l’initiative “Race to Zero” considère que l’objectif “zéro” est atteint lorsqu’”un acteur réduit ses émissions selon des méthodes scientifiques, et que les émissions de GES (gaz à effet de serre) restantes attribuables à cet acteur sont entièrement neutralisées par des suppressions de même nature (par exemple, des suppressions permanentes d’émissions de carbone fossile) revendiquées exclusivement par cet acteur, soit dans la chaîne de valeur, soit par l’achat de crédits de compensation valables”.
Un début d’une autre définition (pas l’unique et loin d’être parfait) peut-être aussi vu via le projet NZI et donc le net zéro :
1. Le mot « neutralité carbone » (ou « net zéro ») désigne uniquement l’objectif mondial d’équilibrage entre émissions et absorptions. Ce terme ne s’applique pas à une organisation.
2. Les organisations peuvent uniquement contribuer à la trajectoire vers cette neutralité carbone mondiale.
3. Les réductions d’émissions et les émissions négatives (aussi appelées « absorptions ») sont distinguées rigoureusement, et comptées de manière séparée.
4. Le concept de « contribution à la neutralité planétaire » est élargi au champ de la commercialisation de produits et services bas carbone. Les « émissions évitées » sont séparées en deux familles : celles qui correspondent à une réelle baisse absolue du niveau d’émissions, et celles qui ne sont qu’une « moindre augmentation » par rapport à la situation initiale. (voir au dessus pour la contribution)
5. La finance carbone peut déclencher des émissions évitées ou négatives, mais ne peut « annuler » les émissions opérationnelles de l’entreprise. Elle est comptée de manière séparée.
Net ou Brut, ZAN ou ZAB, ZCN ou ZCB, net zéro ? ➜ Explication par ici
15 — Négativité et positivité du carbone
Il est déroutant de constater que ces termes signifient à peu près la même chose. L’initiative “Race to Zero” des Nations unies préfère le terme “carbone positif”, mais le secteur de l’architecture a largement adapté le terme “carbone négatif”, qui est aussi celui que Dezeen utilise actuellement.
On parle de négativité carbone lorsqu’une entité telle qu’une entreprise, un individu ou un bâtiment retire de l’atmosphère plus d’équivalent dioxyde de carbone qu’elle n’en émet. C’est un élément essentiel pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. En effet, outre l’élimination nette des nouvelles émissions, de grandes quantités de gaz à effet de serre devront être retirées de l’atmosphère par le biais de la capture du carbone (voir ci-dessous).
Pour parvenir à une véritable négativité en matière de carbone, l’empreinte carbone sur toute la durée de vie doit être prise en compte et dépassée par la quantité de carbone capturée. Pour un bâtiment ou un produit, cela signifie qu’il faut tenir compte à la fois du carbone de la matière et du carbone opérationnel (voir ci-dessous).
16 — Le carbone gris ou carbone des matériaux (Embodied carbon)
Le carbone « embarqué » fait référence à la quantité totale de CO₂e générée pour produire tout type d’actif physique tel qu’une chaise ou un bâtiment. Cela comprend toutes les émissions générées par l’extraction et le traitement des matières premières, la fabrication, le transport et la construction ou l’assemblage du bien, ainsi que la déconstruction et l’élimination des composants du bâtiment à la fin de sa vie.
C’est l’ACV complète de la matière d’un bâtiment, auquel on peut ajouter celle de la démolition. Il existe plusieurs méthodes qui prennent ou non en compte certain éléments, la séquestration ou l’économie circulaire.
On peut ainsi parler de conception bas carbone quand l’objectif de concevoir un bâtiment passe le filtre du carbone et de la minimisation de l’impact du projet sur la planète.
17 — Le carbone de l’énergie (Operational carbon)
Le carbone lié à l’exploitation (Le carbone opérationnel) désigne la quantité totale de CO₂e pour l’exploitation d’un bâtiment ou d’un autre actif au cours de sa durée de vie (50 ans en France). Cela comprend les émissions générées pour fournir de l’énergie au bâtiment, celles générées par le système de chauffage ainsi que toute autre émission générée pour faire fonctionner le bâtiment.
Il faut se souvenir que contrairement au carbone gris qui est bien souvent émis à l’année zéro, le carbone de l’énergie est émis tout au long de sa vie ce qui devrait modifier notre manière d’approcher la conception.
18 — La capture de carbone
La capture du carbone, consiste à retirer le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Cela peut se faire par des procédés naturels (on parle alors de solutions basées sur la nature (nature-based solutions), et industriels (donc anthropiques).
La méthode la plus connue est le boisement et la plantation d’arbres. Le carbone peut également être capturé dans le sol en adoptant des techniques agricoles et de gestion des terres appropriées.
Avec les méthodes industrielles, dans le cadre d’un processus combiné, on parle de “capture et stockage du carbone” (CSC ou CCS). Le captage direct dans l’air (DAC, ou DACCS), consiste à extraire le CO₂ de l’atmosphère à l’aide de machines (et le stocker). Il peut également être utilisé comme matière première dans le cadre d’un processus appelé “captage et utilisation du carbone” (CCU) ou être associé à la production de bioénergie (BECCS).
Le captage du carbone devra jouer un rôle clé dans la réduction du carbone atmosphérique, car même si les nouvelles émissions cessaient immédiatement, il y a déjà suffisamment de carbone dans l’atmosphère pour que les températures sur terre continuent à augmenter pendant 40 ans, que les calottes glaciaires continuent à fondre et que les mers continuent à monter. Laissé à lui-même, il faudrait des milliers d’années pour que le climat revienne aux conditions préindustrielles.
Le CO₂ peut également être capté à partir des combustibles fossiles, empêchant ainsi une grande partie du gaz de pénétrer dans l’atmosphère lors de la combustion des hydrocarbures. Le captage précombustion consiste à éliminer chimiquement le dioxyde de carbone des combustibles fossiles avant leur combustion. Le captage postcombustion consiste à “épurer” le gaz des conduits de fumée des centrales électriques et des installations industrielles qui brûlent des combustibles fossiles.
Toutefois, aucun des deux procédés n’est parfait et aucun ne réduit la quantité de CO₂ déjà présente dans l’atmosphère.
pour aller plus loins, 2 articles :
Quand le CCS marche sur la tête
La séquestration artificielle de carbone (CCS)
19 — La séquestration Carbone
La séquestration du carbone fait référence au stockage à long terme du dioxyde de carbone qui a été capturé dans l’atmosphère. Cela se produit naturellement, par exemple lorsque les arbres et d’autres plantes absorbent le CO₂ et sont prélevé pour un usage sur du long terme (structure) et remplacé par un nouvel arbre. On estime que la biomasse de la Terre contient 560 milliards de tonnes de carbone.
Les océans et les créatures qu’ils abritent séquestrent également de grandes quantités de carbone. C’est ce qu’on appelle parfois le carbone bleu.
Dans la SNBC la séquestration est importante dans le pendant de la trajectoire de réduction.
20 — La minéralisation du Carbone
Le carbone peut être piégé par des processus de minéralisation qui transforment le dioxyde de carbone en matériau solide. Cela se produit naturellement au cours des processus d’altération, par exemple lorsque le CO₂ contenu dans l’eau de pluie réagit avec les roches silicatées, piégeant le carbone dans un nouveau matériau carbonaté.
Le carbone peut être minéralisé synthétiquement en imitant les processus d’altération climatique ou en pompant le dioxyde de carbone dans le sous-sol où il réagit avec la roche-mère pour créer un nouveau type de roche. C’est ce qu’on appelle la minéralisation souterraine.
21 — L’utilisation du carbone
Le carbone capturé peut être utilisé à des fins très diverses. Il peut être combiné à l’hydrogène pour créer des hydrocarbures synthétiques, qui peuvent être utilisés pour produire la même variété de carburants, de plastiques et de produits chimiques que les combustibles fossiles.
Il peut être transformé en matériaux de construction tels que le ciment et les agrégats par des processus de minéralisation synthétique.
Il peut être donné en pâture aux algues pour produire de la biomasse qui, à son tour, peut être transformée en engrais, en nourriture et en une série de produits chimiques et de compléments.
22 — Carbone Bleu
Flux et stockage de carbone d’origine biologique dans les écosystèmes océaniques. Le carbone bleu se concentre sur la végétation enracinée dans la zone côtière, comme les marais intertidaux, les mangroves et les herbiers marins. Ces écosystèmes ont des taux élevés d’enfouissement du carbone par unité de surface et accumulent le carbone dans leurs sols et leurs sédiments. Ils offrent de nombreux avantages non climatiques et peuvent contribuer à une adaptation basée sur les écosystèmes. En cas de dégradation ou de disparition, les écosystèmes côtiers à carbone bleu sont susceptibles de relâcher la majeure partie de leur carbone dans l’atmosphère. L’application du concept de carbone bleu à d’autres processus et écosystèmes côtiers et non côtiers, y compris la haute mer, fait actuellement l’objet d’un débat.
23 — AFOLU + LULUCF
Dans le contexte des inventaires nationaux de gaz à effet de serre (GES) au titre de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), AFOLU (Agriculture, Forestry and Other Land Use ou Agriculture, sylviculture et autres utilisations des terres) est la somme des secteurs d’inventaire des GES Agriculture et Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (“LULUCF”) ;
LULUCF (Land use, land-use change and forestry ou utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie) est un secteur d’inventaire des GES qui couvre les émissions anthropiques et l’absorption des GES dans les terres gérées, à l’exclusion des émissions agricoles non liées au CO2.